Au cours de ces dernières décennies, la pratique d’activités physiques et sportives (APS) s’est fortement démocratisée. En 2020, selon une enquête nationale de l’Insee, 65 % des Français déclarent en exercer une (hors balade, baignade et relaxation). 6 millions sont des licenciés sportifs : ils étaient 2 millions en 1950. La pratique s’est profondément développée en autonomie, en dehors de toute structure. L‘augmentation de l’espérance de vie en bonne santé a par ailleurs accru la demande de sport d’une société inéluctablement vieillissante. D’une recherche de performance et de dépassement, le sport en se démocratisant est devenu symbole de santé, de bien‑être, de plaisir ou de contact avec la nature.
Le changement climatique vient toutefois confronter cet idéal sportif à une nouvelle réalité. Car pour que la pratique sportive survive dans des milieux naturels et urbains à fort réchauffement, l’ensemble des acteurs doit s’emparer de la question du climat, à accepter la survenance des ruptures et à repenser les fonctionnalités sociales du sport. D’autant que la question de l’eau va bousculer radicalement certains de ses fondamentaux.
C’est cette question de la relation entre l’eau et le sport dans un scénario d’une ville à + 4°C à l’horizon 2050 qu’entend questionner ce nouvel Atelier des Métamorphoses pour tenter d’en faire une combinaison possible et gagnante.
L’adaptation du corps, des infrastructures, des pratiques sportives aux fortes chaleurs et à la raréfaction de la ressource suffira-t-elle à ce que cette activité essentielle à la santé publique puisse se perpétuer dans de nouvelles conditions climatiques ? Hier, symbole de performance, de rapport à la nature ou de plaisir, à quelles représentations le sport renverra-t-il demain ? Quelles relations se noueront entre sport et eau, créatrices de nouveaux imaginaires collectifs et individuels ? En particulier, les activités nautiques et aquatiques deviendront-elles le sport du 21e siècle, y compris en ville, et selon quelles combinaisons ?
A l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques, le débat est lancé avec trois personnalités remarquables du monde du sport :
- François Bellanger, prospectiviste, directeur de Transit Consulting, structure spécialisée en prospective et stratégie urbaine, mobilitaire et sportive. Il est le co-fondateur avec Patrick Roult de l’Insep des Rencontres de la Prospective Sportive ®. Il travaille notamment sur des projets comme le River Trans-Sport Project, anime le Swimming Mobility Lab et le Sailing Mobility Lab et développe des réflexions autour de Rewild Urban Sport.
- Maël Besson, fondateur de Sport 1.5. Spécialiste de la transition écologique du sport depuis 20 ans, en tant que chef du bureau Sport et Développement Durable du ministère en charge des sports et ancien responsable « Sport » au WWF France, il a piloté le rapport « Sport Climat » du WWF (2021) et le Rapport d’évaluation de la Stratégie « Héritage & Durabilité » de Paris 2024 (2023).
- Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris, chargé du Sport et des Jeux Olympiques et Paralympiques. Depuis 2021, il est également en charge de « la Seine ». Pierre Rabadan est un ancien international et joueur de rugby professionnel.