Sécheresse : les réponses d’Eau de Paris

Publié le 29.07.2022

Mis à jour le 17.11.2023

Fortes chaleurs, pluies rares : depuis le 2 août, toute la France est sous surveillance "sécheresse". Quelles conséquences pour l’alimentation en eau potable de la capitale ? Les réponses de Frédéric Barrez, hydrogéologue à Eau de Paris.

L’année 2022 est-elle exceptionnelle ?  

Le premier semestre s’est avéré peu pluvieux mais surtout très chaud, avec des pics à 30°C dès avril.  Ce sont surtout les eaux de surface qui sont les plus impactées par la sécheresse et bien qu'il y ait un effet tampon joué par les grands lacs-réservoirs, situés à l’est de Paris, la Seine a franchi son seuil d'alerte. Quant aux nappes souterraines, d’où provient 50 % de l’eau bue à Paris, leurs niveaux sont proches de la moyenne ou bas mais suffisants en ce qui nous concerne. Le sous-sol de notre région est composé de grands réservoirs d’eau avec une forte inertie où les circulations peuvent être très lentes. Les pluies hivernales de ces dernières années ont permis de maintenir un taux de remplissage convenable.

Comment Eau de Paris anticipe ce type d’événement climatique ?

Plus d’un an à l’avance, nous élaborons un plan d’exploitation et nous y intégrons le risque sécheresse. Nous réfléchissons à la répartition de notre production entre nos cinq différentes ressources d’eau. Nous tenons compte des prévisions de consommation, de la disponibilité prévisible des ressources, des contraintes liées à la maintenance de nos installations. Par exemple, en ce moment, notre usine d’Orly a une capacité de production limitée par des travaux. Et bien sûr de nos retours d’expérience.

Ce plan d’exploitation est ensuite régulièrement mis à jour pour tenir compte des nouvelles données, dont l’évolution de l’état de disponibilité de nos ressources et celui des rivières alimentées par les sources que nous prélevons. 

Et comment s’y adapter lorsqu’ils surviennent ?

Grâce à un schéma d’alimentation très étendu, nous pouvons gérer les prélèvements en tenant compte des tensions géographiques locales. Sans attendre les arrêtés sécheresse, nous réduisons certains prélèvements et restituons une partie de l’eau au milieu naturel pour maintenir le niveau des rivières. L'objectif est de limiter l’impact de la sécheresse en permettant notamment que la vie aquatique y soit toujours possible. Si deux ou plus de nos sources d’approvisionnement en eau souterraine atteignent le seuil d’alerte, des mesures de gestion sont prises à Paris comme sur les autres territoires (sensibilisation des citoyens aux économies d’eau, limitation de l’arrosage des espaces verts, etc.). La Seine a franchi son seuil d'alerte et  la rivière Vanne le seuil d’alerte renforcé.  Vu la situation météorologique annoncée les prochains jours,  les débits des cours d'eau devraient encore diminuer. Nous pouvons également reporter, si nécessaire, des opérations de maintenance, pour pouvoir disposer de tous nos vecteurs de production.

En cas de sécheresse, Paris peut-elle connaître des difficultés d’approvisionnement en eau potable ?

Avec cinq ressources différentes, réparties entre eaux de rivière (Seine et Marne) et eaux souterraines, et donc d’une importante capacité de production, plus une interconnexion avec les communes limitrophes, Paris est à l’abri de tout risque de pénurie.

Quelles sont les conséquences des fortes chaleurs sur l’eau du robinet ?

Ce sont les eaux de rivière qui sont les plus sensibles aux variations de température. Au moment de la distribution, on va donc favoriser, quand c’est possible, les eaux souterraines qui restent à 12-13°C. La température de l’eau fait partie des paramètres surveillés de près. C’est notamment un critère de confort important pour les consommateurs. 

Avec le dérèglement climatique, sécheresse et canicule pourraient être plus fréquentes. Quelles actions mène Eau de Paris pour s’y préparer ?

Pour le plus long terme, Eau de Paris travaille sur l’impact du changement climatique sur ces ressources en eau avec le Bureau de Recherche Géologique et Minière afin de s’assurer de la résilience du schéma d’approvisionnement de la ville de Paris. On s’intéresse notamment à l’évolution de la recharge en hiver des nappes d’eaux souterraines et à leur qualité afin de définir quelles seront les prochaines stratégies d’adaptation de notre modèle. Eau de Paris intervient également auprès du grand public et des écoliers pour les sensibiliser à un usage raisonné de l’eau.

Il y a sécheresse et sécheresse !

La sécheresse du sol se caractérise par un déficit en eau des sols superficiels (entre 1 et 2 m de profondeur), suffisant pour altérer le bon développement de la végétation. La sécheresse hydrologique se produit quand les réserves en eau des nappes, des cours d’eau et des lacs descendent en dessous de la moyenne et qui montrent des niveaux anormalement bas. Les deux phénomènes peuvent se cumuler et la sécheresse peut être accentuée par des températures élevées, notamment en été qui provoquent un assèchement des sols et l'évaporation plus importante de l'eau disponible.

Comment consommer moins d'eau ?

Les astuces pour diminuer sa consommation d'eau et protéger l'environnement, c'est par ici !