Atelier des Métamorphoses #8 : Amour et désamour des métropoles

Publié le 20.09.2022

"Amour et désamour des métropoles : à quels besoins en eau devrons-nous faire face en 2030 ?", un nouvel Atelier des Métamorphoses à ne pas manquer le 8 novembre 2022 !

En 2050, plus de 70 % de la population mondiale devrait vivre en ville. Un siècle plus tôt, 70 % de cette même population vivait à la campagne. En 2022, la France compte vingt-deux métropoles, qui conjuguent pouvoir économique, culturel et politique.

Et pourtant … alors que leur essor paraît inéluctable, les métropoles sont rattrapées par la mutation rapide des deux principaux facteurs de la dynamique urbaine : la nature des rapports sociaux d’une part et les activités culturelles et économiques d’autre part. En cause ? L’enchaînement des crises, sociales, climatiques, géopolitiques, logistiques, énergétiques et les bouleversements sociaux, économiques et organisationnels qu’elles provoquent, exacerbés et mis en lumière par la pandémie de Covid-19.

Dès lors, quel modèle de métropole voulons-nous avoir demain pour la France ? Sera-t-il désiré ou subi par les populations ? Qui habitera dans ces territoires en 2030 et de quelle manière ? Quel en sera le tissu social ? Quelles activités économiques et culturelles y trouvera-t-on, quels services publics perdureront ? Et l’eau dans tout cela ?

Ce sont ces questionnements et bien d’autres que nous aborderons lors du prochain Atelier des Métamorphoses. Animé par Benjamin Gestin, Directeur général d’Eau de Paris, le service public de l’eau, cette discussion prospective accueillera :

  • Pascal Brice. Enarque, ex-ambassadeur, ancien directeur de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), conseiller municipal de Malakoff, Pascal Brice est un acteur politique et social de terrain. Aujourd’hui président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), il mobilise ce réseau de 850 associations pour agir autrement face aux mutations profondes de la société et les montées des inégalités, notamment dans les métropoles ;
  • Nadine Levratto est directrice de recherche au CNRS dans le laboratoire EconomiX. Elle enseigne également à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, à l’université Paris-Nanterre et à Sciences Po Rennes. Elle codirige la Chaire Ville, Industrie et Transition Ecologique et mène des missions d’expertise auprès du Bureau International du Travail. Ses recherches sur la « Ville productive » et ses réflexions sur les villes (L’avenir est-il aux villes productives ?) vont nous aider à mieux comprendre ce que pourrait être l’attractivité économique des métropoles de demain ;
  • Morgan Poulizac, fondateur du cabinet Objeu, est spécialisé dans le conseil en politiques publiques. Il a enseigné le management public à HEC et à Sciences Po où il a par ailleurs dirigé le master en urbanisme pendant cinq ans. Ses travaux portent notamment sur les transformations urbaines. Membre du comité éditorial de la revue Urbanisme, conseiller scientifique de l'association de prospective Futuribles sur les questions urbaines, Morgan Poulizac s’appuiera sur sa réflexion « Ville, Quand reviendras-tu ? » (lien vers note futuribles : Ville, quand reviendras-tu ? Les villes après la Covid - Futuribles - Veille, prospective, stratégie ) pour interroger la vision urbanisme des métropoles de demain. 

 

Eau de Paris & « Amour et désamour des métropoles »

La question de l’avenir des métropoles, dont Paris au premier chef, des liens sociaux qui s’y établiront et de leur attractivité économique intéresse Eau de Paris, entreprise publique 100 % municipale en charge de la production et de la distribution de l’eau à Paris, à plusieurs titres :

  • en termes de business model, pour mieux identifier les typologies d’« utilisateurs » de l’eau de demain et les ressources financières associées ;
  • en termes de service public pour être à même de répondre aux nouveaux besoins et usages de l’eau à cet horizon, dans un contexte de tension sur le partage de l’eau : que ces besoins relèvent d’enjeux domestiques (enjeux vitaux), de services urbains (enjeux écologiques) ou de services industriels (enjeux économiques) ;
  • en termes de condition d’exercice de sa mission de service public pour mieux adapter les accès à l’eau aux réalités organisationnelles de la cité.

Cet atelier ne traite pas des vulnérabilités urbanistiques et environnementales des métropoles : le sujet a été traité en 2021 par la Région Ile-de-France lors d’un colloque et d’une revue « Fragiles métropoles ». Il cherche à comprendre les dynamiques en cours, la capacité des métropoles à rester attractives, à être désirées et non pas subies, pour qui, pour quelles activités, comment, et à appréhender la chair sociale et économique qui fondera nos relations humaines sur ce type de territoire demain.

[Les Atelier des Métamorphoses] 3 questions à Nadine Levratto

Je suis Nadine Levratto, économiste, directrice de recherche au CNRS et je travaille principalement sur les relations entre les entreprises, les territoires et les disparités territoriales. Nadine Levratto est intervenue le 8 novembre dans notre dernier Atelier des Métamorphoses, intitulé "Amour et désamour des métropoles".

Amour et désamour des métropoles.. Que vous évoque ce titre ?

"Je trouvais intéressant d'essayer de combiner des éléments qualitatifs comme ceux qui sont véhiculés par les termes amour et désamour et des éléments quantitatifs comme ceux que j'ai l'habitude de manipuler et finalement ça fonctionne assez bien puisqu'on retrouve à travers les tensions, les inégalités ou bien plus positivement la production de richesses, la cohabitation de diverses activités, les deux thématique amour et désamour des métropoles."

Quelles relations la ville et l'industrie devraient elles entretenir ?

"La ville et l'industrie c'est une vieille histoire d'amour justement puisque quand on regarde l'évolution des villes depuis l'Antiquité, le Moyen-Âge et bien, les villes produisent une partie de leurs moyens de subsistance et la spécialisation des fonctions résidentielles et productives finalement est assez récente quand on regarde l'histoire et a été très fortement accentuée par la pression des promoteurs d'une part, la hausse du prix du foncier de l'autre qui ont conduit des élus à valoriser leurs territoires à travers la construction de logements qui permettaient de maximiser la rente foncière. On voit aujourd'hui les effets délétères de ce type de politique puisque ça conduit à une ségrégation spatiale très poussée et remettre du productif en ville, préserver les activités productives qui existent encore, c'est une façon d'abord de rapprocher l'offre et la demande de travail, de rendre les villes plus confortables pour les habitants en réduisant les temps de transport, c'est écologique puisqu'on limite la globalisation des processus de production et on réduit les émissions de CO2 puisqu'il y a justement moins de transport. Pour cela, il faut rendre les villes accueillantes pour l'industrie en les aménageant de façon telle qu'il n'y ait plus de concurrence mais au contraire cohabitation entre les deux fonctions." 

Qu'est-ce qu'une ville productive ?

"Une ville productive c'est une ville qui accueille des activités de production. Il ne faut pas confondre la ville productive telle que nous la définissons notamment avec la chaire Ville, Industrie et Transition Ecologique qui est une ville qui accueille des activités de production consommatrices d'espace et les tiers lieux type fablab, hôtels pour auto-entrepreneurs qui au contraire parient sur des activités économiques à toute petite échelle. La ville productive c'est une ville qui est capable d'accueillir des moyennes entreprises avec des salariés, des machines, qui ont besoin de foncier, d'accumuler du capital, qui consomment de la voirie, de l'eau et différents types de services publics. Ces activités doivent pouvoir être enchâssées dans les sites de résidence des habitants ce qui veut dire qu'il faut contrôler d'un point de vue environnemental les activités, que les riverains soient en sécurité, que les nuisances qui sont obligatoirement générées par l'industrie soient contrôlées. Une ville productive c'est finalement une ville qui arrive a concilier des politiques environnementales, des politiques industrielles et des politiques sociales."

Les Ateliers des Métamorphoses est le rendez-vous de prospective d'Eau de Paris

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[Les Atelier des Métamorphoses] 3 questions à Morgan Poulizac

3 questions à Morgan Poulizac, fondateur du cabinet d'étude Objeu qui s'intéresse aux politiques publiques, aux transformations urbaines et en particulier à la question des publics vulnérables. 

Morgan Poulizac est intervenu le 8 novembre dans notre dernier Atelier des Métamorphoses intitulé "Amour et désamour des métropoles".

Amour et désamour des métropoles.. Que vous évoque ce titre ? 

"Notre rapport à la ville est un peu sentimental, il est sensuel, il est parfois même physique. On peut aimer ou ne cesser d'aimer comme avec son conjoint ou sa partenaire. A côté des questions très techniques ou technologiques,  il y a quelque chose qui nous travaille, humainement, très personnellement et parler de l'amour ça veut aussi dire parler de l'attachement aux villes, du désir des villes et comment on travaille le désir des villes."

Quelle évolution possible des métropoles et en particulier de Paris ? 

"Paris a fait montre d'une capacité de résistance, on dit maintenant résilience tout à fait étonnante pendant la crise COVID. Elle est néanmoins menacée comme toutes les grandes métropoles des pays développés, à la fois le risque de sécession, c'est à dire de l'entre-soi cultivé entre d'un côté ceux qui ont et de l'autre ceux qui n'ont pas, d'un côté ceux qui se servent de la ville, d'un autre côté ceux qui servent la ville. Et par ailleurs je vois aussi une tentation de vouloir mettre sous une cloche Paris et d'en oublier qu'une ville ce ne sont pas que des jolis monuments mais c'est aussi des populations qui se frayent, qui se rencontrent et qui peuvent parfois avoir des surprises ou des mauvaises surprises et c'est aussi ça la raison pour laquelle on aime une ville."

Quels enjeux pour le secteur public et le secteur de l'eau demain ? 

"Parmi les enjeux, il n'y a pas qu'un enjeu de droit, il y a une question d'accès, d'accès de tous les publics à un service public de qualité. C'est le premier enjeu. Deux, c'est un enjeu de comment ces services là participent ils à rendre la ville un peu enchantée, en tout cas un peu désirable ? Un service public comme de l'eau, il doit être fiable, il doit être de qualité mais il doit aussi être quelque part onirique. Il doit vendre un peu du rêve et participer à cette dimension amoureuse de la ville."

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[Les Atelier des Métamorphoses] 3 questions à Pascal Brice

3 questions à Pascal Brice, Président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS). Pascal Brice est intervenu le 8 novembre dans notre dernier Atelier des Métamorphoses intitulé "Amour et désamour des métropoles".

Amour et désamour des métropoles.. Que vous évoque ce titre ?

"La ville c'est à la fois de l'ordre et du désordre, ce sont des belles choses et des choses laides et c'est tout ça la ville. C'est ce qui fait que c'est à la fois un lieu de lumière qui attire et en même temps un lieu qui parfois effraie en raison de ce bourdonnement d'activités, des nuisances qui peuvent apparaitre donc la ville c'est tout ça et c'est comme ça que je comprends ce que la ville peut susciter, parfois de l'amour parfois du désamour."

Quelle est l'évolution de la précarité en milieu urbain ? 

"Sur certains territoires urbains, mais pas seulement, la pauvreté s'enracine. Il faut y ajouter la précarité qui touche notamment en milieu urbain un nombre croissant de personnes qui travaillent, y compris jusque dans une partie des classes moyennes mais qui n'arrivent pas à terminer les fins de mois et qui du coup sont frappés par ces formes de précarité qui les fragilisent très profondément. C'est tout cela, l'enracinement de la pauvreté et de la précarité qui d'ailleurs va au delà de l'enracinement depuis quelques mois avec le choc inflationniste, on voit bien qu'avec la hausse des prix de l'électricité, du gaz, de l'alimentation, des loyers, on a là une série de gens qui basculent dans la précarité et donc c'est ça la réalité des villes françaises aujourd'hui."

Comment repenser pour le futur les politiques de solidarité et sociales ? 

"ça demande de repenser beaucoup de choses, d'abord de partir de la situation des personnes qui en précarité, de leur lieu de vie, que ce soit dans les villes ou que ce soit dans les autres types de territoires et de celles et ceux qui sur ces lieux de vie les accompagnent à titre professionnel ou bénévole."

Et l'eau ? 

"C'est quelque chose de tout à fait essentiel donc là, il y a une attention à avoir. C'est un signal connu des acteurs en matière d'eau : celles et ceux qui sont à la rue et qui ont les plus grandes difficultés à accéder à l'eau et qui plus est avec l'ampleur des phénomènes climatiques."

 

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