Une eau pour les usages urbains

Nettoyer les espaces publics, entretenir les égouts, arroser les parcs et les jardins, alimenter les lacs et les ruisseaux des bois : à Paris, l’eau s’adapte à des besoins aussi divers qu’essentiels, grâce, entre autres, à un réseau d’eau non potable unique en France. Eau de Paris est également présente dans la Ville par ses 1200 fontaines et autres points d’eau potable et par les 11 000 bouches à incendie dont elle assure la maintenance.

L’eau non potable, un atout pour une ville durable

Hérité du XIXe siècle et d’une ampleur unique en France, le réseau d’eau non potable de Paris est une des spécificités de la capitale, pourtant souvent méconnue du grand public.

Longtemps délaissé, le réseau d’eau non potable révèle son potentiel pour faire face aux enjeux du changement climatique et de la Ville durable. Le champ des usages urbains de l’eau non potable s’étend du maintien de la biodiversité, au rafraîchissement de la Ville par l’arrosage des espaces verts en passant par les usages énergétiques et de valorisation des ressources en eau « locales », notamment les eaux d'exhaures (eaux d'infiltration récupérées dans les ouvrages souterrains, comme le métro ou les parkings). 

Peu énergivore et sobre en carbone car issue d’un traitement simple et sans réactif, l’eau non potable joue un rôle fondamental dans la végétalisation de Paris, et ainsi dans le rafraîchissement de l’espace urbain en été.

Nettoyage des rues de Paris à l'eau non potable | ©Etienne Massida

L’eau non potable, une ressource précieuse pour la ville de demain

Si elle ne peut pas être bue, l’eau non potable s’avère une ressource précieuse pour faire de Paris une ville d’avenir, plus résiliente et durable.

On va avoir besoin d’eau non potable pour alimenter des parcs, jardins et bois, pour arroser les nouveaux espaces qu'on va végétaliser et une façon générale pour  rafraîchir la ville.

Le réseau d'eau non potable, c'est un réseau qui fait 1600 km de long. C'est le principal réseau d'eau non potable dans les grandes villes du monde. Il n'y a pas une grande ville du monde où on aura un réseau d'eau potable aussi long qu'à Paris. Ici, quand on est sur le toit du réservoir au sommet des bassins, vous voyez que l’eau est juste en dessous de nous on est à peu près entre le deuxième et le troisième étage et on est aussi à Passy, on est sur une des collines de Paris ce qui nous permet d'avoir une bonne altitude comme ça l’eau peut après descendre de manière gravitaire pour alimenter tout l'ouest de Paris.

Le réseau d'eau potable a plusieurs usages principaux : le premier en quantité sert à fluidifier les égouts de Paris. C’est à peu près 50% de l’eau non potable qui par ce qu'on appelle des réservoirs de chasse, des chasses d'eau qui sont dans les égouts et qui permettent de fluidifier les égouts de Paris et d'éviter la stagnation des matières et des mauvaises odeurs que ça provoque.

Le deuxième usage en quantité, 30% à peu près, c'est l'arrosage des parcs jardins et des bois ainsi que l'alimentation des réseaux hydrographiques du bois de Vincennes et du bois de Boulogne.

Le troisième usage, ça va être la propreté de Paris. On utilise de l'eau non potable tous les matins pour nettoyer les trottoirs de Paris. On utilise cette eau non potable qui est simplement de l'eau qui est prélevé essentiellement dans le canal de l'Ourcq et une eau pas traitée, simplement dégrillée, c'est à dire qu'on enlève les gros débris et puis on l'utilise comme- elle est de manière tout à fait naturelle. L’eau que vous voyez derrière dans ce bassin qui s'appelle le bassin Copernic, 22000 mètres cubes d'eau, elle vient essentiellement alimenter le réseau des lacs et des rivières du bois de Boulogne.

On a la chance d'avoir ce réseau pour préparer Paris au changement climatique et tous les nouveaux quartiers où on va planter des arbres, les quartiers qu'on appelle « embellir Paris », tout l'arrosage va pouvoir être fait avec ce réseau d'eau non potable qui va être amenée à se développer. La ville de Paris va mettre 10 millions d'euros supplémentaires aux 26 millions d'euros qui sont déjà prévus pour toutes les conduites de transport et les conduites du réseau de distribution qui vont permettre d'arroser ces arbres dans ses nouveaux quartiers. On va planter beaucoup plus d'arbres et y compris on va garder évidemment les usages actuels avec l'arrosage des jardins parisiens actuels, donc 20% des jardins, et aussi le bois de Boulogne qui est alimentée par ce réseau très important.

 

Le réseau d’eau non potable est également utilisé pour l’expérimentation de nouveaux usages innovants. C’est ainsi que les radiateurs des 59 000 m² et le réseau d’eau chaude sanitaire du futur écoquartier construit sur le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul d’ici 2026 seront alimentés grâce à une boucle d’eau chaude de 450 mètres de long, qui utilise la chaleur de l’eau non potable.

L’eau potable, l’alliée de la défense incendie

Le 1er mars 2017, Eau de Paris est devenue l’unique prestataire de défense extérieure contre l’incendie (DECI) à Paris. Eau de Paris assure désormais la maintenance et le contrôle des 11 000 points d’eau incendie publics parisiens connectés à son réseau d’eau potable. L’enjeu ? Garantir en permanence la disponibilité de l’eau pour les sapeurs-pompiers dans les opérations de lutte contre l’incendie.

En collaboration avec la Ville et la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Eau de Paris est ainsi en première ligne dans la lutte contre le « street pooling », c'est-à-dire l’ouverture illégale des bouches et poteaux à incendie.

Si la pratique semble ludique, elle n’est pas sans conséquence : risques de blessures, ralentissement des équipes d’interventions, gâchis d’eau potable et dégradation des biens publics. Pour lutter contre ce phénomène, Eau de Paris a doté ses équipements de dispositifs d'inviolabilité, et imaginé des solutions de rafraîchissement pour les Parisien·ne·s.

En 2021, 35 fontaines 2 en 1 permettant la boisson et l’aspersion ont ainsi été installées sur des bouches à incendie en été, avec la contrainte d’un démontage rapide par les pompiers en cas de besoin.

Ces ouvertures sauvages montrent surtout une réaction face à la chaleur. Les populations ont un réel besoin de se rafraîchir : nous avons donc opté pour la mise en place de fontaines sur certaines bouches à incendie. Petit à petit, nous déployons des installations dotées également de systèmes d'aspersion.

Sandrine Lemaire

Responsable adjointe service défense extérieure contre l'incendie et fontaines

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