


Quel que soit le pays où l'on se trouve, quand on a besoin d'eau, la première question qu'on se pose est celle-ci : où y-a-t-il une source ?
L'eau à Paris : incursion dans l'histoire
Dès l’Antiquité
La Seine est au cœur de la capitale. Paris est née et s'est développée grâce à l'eau. L'eau et la Seine ont d’ailleurs donné à Paris sa devise "Fluctuat nec mergitur" et son blason avec le bateau des Nautes.
La rive gauche de la Seine constitue le cœur de la cité antique de Lutèce. L’eau est d'abord puisée dans le fleuve. Au IIe siècle après JC, un aqueduc est construit. Il s'agit du premier ouvrage d'adduction d'eau de la cité. Long de 16 km, il transporte l'eau captée sur les plateaux de Wissous et de Rungis jusqu'au pied de la montagne Sainte-Geneviève. L'aqueduc fut utilisé pendant plus de 500 ans. Puis il fut victime du manque d’entretien consécutif aux invasions barbares.

Au Moyen Âge, l’eau des Sources du Nord
Au Moyen Âge, les congrégations religieuses de Paris sont riches et puissantes. Installées loin de la Seine, leurs besoins en eau sont importants, d'autant qu'elles assurent souvent des fonctions d’accueil pour les personnes malades. A titre d’œuvres pieuses, les communautés religieuses vont financer de nouveaux aqueducs destinés à alimenter les abbayes mais aussi quelques fontaines publiques.
Au cours du XIIe siècle, se construit ce qu'on appelle les « sources du Nord » : un réseau d'aqueducs destiné à dériver l'eau captée sur les collines du nord-est de Paris (Belleville, Pré Saint-Gervais).

La Renaissance de l’aqueduc
A la fin du XVIe siècle, Paris grandit anarchiquement. Les 350 000 Parisiennes et Parisiens ne bénéficient pas d’une eau de qualité. Sous le règne d’Henri IV, on cherche à restaurer l’aqueduc romain de Lutèce. Mais sa réutilisation est finalement impossible car trop dégradé. En 1613, la régente Marie de Médicis fait construire l’Aqueduc Médicis, pour alimenter des fontaines publiques sur la rive gauche et les jardins de son palais du Luxembourg. Mais Jusqu’au XIXe siècle, l’eau de Paris est essentiellement puisée directement dans la Seine.
Le XIXe siècle, le siècle des grands travaux
Imaginé au 19e siècle et toujours en service, le système d’adduction d’eau de Paris témoigne de l’intelligence des travaux titanesques menés par Eugène Belgrand sous Napoléon III.
Entre 1836 et 1866, Paris passe de 1 à 2 millions d’habitants. En 1860, Le Conseil de Paris vote un vaste programme d’alimentation en eau de Paris et d’évacuation des eaux usées. Ce projet est porté par Georges Eugène Haussmann, alors préfet de la Seine. L'ingénieur Eugène Belgrand est nommé directeur du service de l’eau.
Il engage alors de grands travaux pour développer et moderniser le réseau d’eau de la capitale. Son objectif : offrir aux Parisiens une eau de grande qualité. Ces travaux titanesques sont à l’origine d’une grande partie du patrimoine encore géré aujourd’hui par Eau de Paris. Il est décidé de capter des sources loin de Paris, jusqu’à 150 km au-delà de la capitale. Les eaux seront acheminées jusqu’aux portes de Paris par deux aqueducs : la Dhuys (1863-1865) et la Vanne (1866-1874).
Après le décès d’Eugène Belgrand, trois autres aqueducs sont construits, qui acheminent encore aujourd’hui la moitié de la consommation d’eau potable des Parisiennes et des Parisiens : l’Avre (1890-1893), le Loing (1897-1900) et la Voulzie, dont les travaux ne s’achèveront qu’après la guerre, en 1925.
Le XXe siècle, entre gestion publique et privée
Jusqu’en 1985, la production et la distribution d’eau à Paris étaient gérées par un service municipal. Seule la gestion commerciale était déléguée à la Compagnie générale des eaux (CGE). En 1984, la Mairie de Paris privatise la distribution de l’eau à Paris. La Compagnie des Eaux de Paris, filiale du groupe Veolia s’occupe de la rive droite. La société Eau et Force Parisienne des Eaux, filiale du groupe Suez gère la rive gauche.
En février 1987, la production de l’eau potable est confiée à une Société d’Économie Mixte. C’est la création de la Société Anonyme de Gestion des Eaux de Paris (SAGEP). Le capital est détenu à 70 % par la Ville de Paris, à 14 % par la Lyonnaise des Eaux, à 14% par la Compagnie Générale des Eaux et à 2% par des sociétés municipales. Le 1er janvier 2005, la SAGEP prend le nom d’Eau de Paris !
Vers l’eau publique
Le 24 novembre 2008, le Conseil de Paris décide de remunicipaliser le service de l’eau. Il crée à cet effet un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC).
En prenant cette décision, la Ville de Paris a voulu affirmer que la gestion de l’eau, bien commun de l’humanité, devait rester une affaire publique. Cette démarche s’inscrit dans un mouvement général en France de retour à la gestion publique du service de l’eau.
Eau de Paris a pour mission centrale d’offrir aux parisiens une eau de qualité au juste coût, tout en garantissant un haut niveau de performance. Les problématiques de la gestion de l’eau à Paris s’inscrivent désormais sur le long terme dans des considérations aussi bien techniques que sociales et environnementales.
En mai 2009, Eau de Paris, nouvel établissement public à caractère industriel et commercial, prend en charge la production et le transport de l’eau. En janvier 2010, Eau de Paris devient l’opérateur municipal du service public de l’eau dans la capitale, en assurant également la distribution. Le 1er mars 2017, Eau de Paris est devenue le prestataire unique de défense extérieure contre l’incendie (DECI) à Paris. En 2020, Eau de Paris lance son dispositif d’aides pour les agriculteurs. C’est une première pour un opérateur d’eau en France.
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L’eau à Paris : retour vers le public
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